Atelier Télévision

Atelier ~ 50mn : décryptage d’une séquence de télé-réalité

« L’économie n’explique pas tout mais rien ne s’explique sans elle ». Il en est de même pour la télévision. Pour produire et diffuser une émission, il faut des budgets importants. Pour comprendre les images que l’on consomme, il faut comprendre toutes les mécaniques techniques (tournage, montage, réalisation) mises en place. L’objectif ici est d’avoir un regard plus aiguisé sur les programmes regardés.

Temps 1 (15/20 min) : les chaînes, comment ça fonctionne ?

Commencer par interroger les participants sur leurs usages de la télévision, et les contenus qu’ils regardent.

Exemples de questions à leur poser :

  • Combien de téléviseurs avez-vous à la maison ?
  • Avez-vous la télévision dans la chambre?
  • Qui décide des programmes et des horaires de visionnage ?
  • Parlez-vous de ce que vous voyez à la télé avec votre entourage (parents, famille, ami-e-s) ?
  • Quels genre de programmes connaissez-vous ? Lesquels regardez-vous ? Pourquoi ?
  • Vous informez-vous à la télé ? Quelles chaînes regardez-vous ?

Ensuite, développer le propos sur le fonctionnement d’une chaîne, pointer les différences entre chaînes publiques et chaînes privées, Il est intéressant de s’interroger sur leur financement, leur fonctionnement, et s’il s’agit de chaînes privées, d’identifier à qui elles appartiennent. La carte d’Acrimed (association de critique des médias) et les schémas ci-contre peuvent aider à illustrer les explications.

L’idée est de faire naître un sens critique autour des intérêts intrinsèques à l’économie des médias et de le mettre en perspective avec les pratiques de chacun-e.

Temps 2 (30 min) : visionnage d’un extrait 

C’est le moment du visionnage.  Il s’agit d’une séquence tirée d’une émission « Les Cht’is vs les marseillais » datant de 2015, la séquence dure 1 min et 26 secondes.

SCHÉMA TV PUBLIC / PRIVÉ

FRISE HISTOIRE DE LA TÉLÉVISION

Après le visionnage, interroger les participant sur ce qu’ils ont retenu. On y voit deux équipes de deux candidats qui s’opposent sur un battle/une mission/un jeu qui consiste à fabriquer du pain. Que pense le public des personnages ? En quoi sont-ils stéréotypés ? On peut ici aborder la notion de casting : pourquoi avoir choisi des Cht’is et des Marseillais ? Sur quels critères sont-ils choisis ?

Lors d’un deuxième visionnage, demandez aux jeunes de compter le nombre de plans qui composent la séquence, et de calculer leur durée moyenne. On peut ici évoquer le rythme des images toujours très soutenu dans ces programmes. L’objectif : garder les spectateurs.trices attentifs.tives. Expliquer ici le montage image.

On peut aussi repérer le nombre de caméras utilisées pour cette séquence afin que les participants comprennent la réalisation . Vous pouvez, par exemple, expliquer que cette émission ne se réalise pas comme « Secret story » qui utilise de nombreuses caméras (environ 70 en 2017)  autonomes (sans caméraman) .

Au cours du troisième visionnage, on se concentrera sur le son. Repérer les sources sonores (voix, bruits, musiques) et de compter le nombre de musiques différentes comprises dans la séquence. L’idée est ici de souligner l’ambiance apporter par ces musiques (le suspense, la tension, le calme, la joie, etc).

On peut ensuite différencier les sources sonores (ce visionnage exige de faire une pause chaque fois qu’un personnage parle ou qu’un son change) :

  • le son in (dedans) = je vois la personne qui parle, je sais qu’elle parle à ce moment-là, je vois l’action qui provoque le bruit.
  • le son out (en dehors) = je sais que le son (la voix ou le bruit) que j’entends a lieu au moment de la scène mais je ne le vois pas à l’image.
  • le son off = c’est un son qui n’existait pas dans la scène et qu’on a rajouté au montage (musique, voix off).

On perçoit là la force du montage sonore. A quoi sert-il ? Ne permet-il pas de s’arranger avec la réalité?

Enfin, pour terminer, concentrez-vous sur la première interview qui comprend un faux raccord son. En effet, l’interview se décompose en trois plans. Le deuxième montre l’entrée dans la boulangerie, c’est « un plan de coupe  » qui sert à cacher une coupure dans l’interview du candidat. Repassez l’extrait, peut-être sans l’image afin que le groupe se concentre sur le son, la voix.

S’il vous reste du temps, vous pouvez repasser la fin de la séquence. On s’aperçoit que le premier « ça pue » a été ajouté au montage… En regardant bien les lèvres, on voit clairement que le candidat dit autre chose. Le monteur a attendu que sa tête soit cachée par sa collègue pour que le subterfuge ne se voit pas. Il est ensuite venu coller le « ça pue ». Cette phrase a sans doute été dite par le candidat lors de son interview après le tournage de la séquence de la boulangerie.

Cela fait pas mal de petits arrangements avec la réalité pour seulement 86 secondes, n’est-ce pas ?

Alors, télé-réalité ou pas ?